Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/195

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ces deux beaux anges ; elle jouait avec la frange d’argent des draperies ; elle dérangeait les boucles de sa chevelure, elle promenait son regard audacieux sur le temple, au lieu de courber la tête et d’adorer l’Éternel. Oh non ! elle ne venait pas là pour prier, la femme ! Elle venait se désennuyer, se faire voir comme en spectacle, se délasser des fêtes et des mascarades, en écoutant pendant une heure les accens de l’orgue et la poésie des cantiques. Et tous vos muguets, tous vos dandys, tous vos inutiles, étaient là, jeunes et vieux, riches et nobles, suivant des yeux chacun de ses mouvemens, épiant ses moindres regards, s’efforçant de saisir sa pensée dans la profondeur impénétrable de ses orbites, et s’agitant comme des damnés dans leur tombe à l’heure de minuit, pour attirer sur eux l’attention enviée de la femme. Mais elle ! mais Lélia ! Oh qu’elle était grande, qu’elle était imposante ! Comme elle planait avec dédain sur eux tous ! Comme