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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/200

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noms sacrés de la Vierge et des Anges ? N’est-ce pas vers toi que ma main lançait les flots de l’encens ? Ne t’ai-je pas placée dans le ciel à côté de Dieu même, demandeuse insatiable ? Que n’ai-je pas fait pour toi ! À quelles pensées terribles et impies n’ai-je pas ouvert mon sein ! Oh ! laisse-moi, laisse-moi prier Dieu, afin que ce soir il me pardonne et que je puisse aller dormir sans que la damnation pèse sur moi comme le cauchemar ! — Mais elle ne m’écoutait pas, elle m’enlaçait de ses cheveux noirs, de ses yeux noirs, de son étrange sourire, et je me battais avec cette ombre impitoyable jusqu’à tomber épuisé, mourant, sur les marches du sanctuaire.

— Eh bien ! parfois, à force de m’humilier devant Dieu, à force d’arroser le marbre avec mes larmes, il m’arrivait de retrouver un peu de calme. Je rentrais consolé, je regagnais ma cellule silencieuse, accablé de fatigue et de sommeil. Mais savez-vous ce que faisait Lélia ? Ce qu’elle imaginait, la railleuse im-