Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le pardonne, pour vous adresser la moitié de ces humbles adorations.

Mais vous, vous étiez debout ! Vous n’avez pas plié le genou, vous n’avez pas baissé les yeux ! Votre regard superbe s’est promené froid et scrutateur sur le prêtre, sur l’hostie, sur la foule prosternée : rien de tout cela ne vous a parlé. Seule, toute seule parmi nous tous, vous avez refusé votre prière au Seigneur. Seriez-vous donc une puissance au-dessus de lui ?

Eh bien ! Lélia, que Dieu me le pardonne encore ! Pendant un moment je l’ai cru et j’ai failli lui retirer mon hommage pour vous l’offrir. Je me suis laissé éblouir et subjuguer par la puissance qui était en vous. Hélas ! il faut l’avouer, je ne vous vis jamais si belle. Pâle comme une des statues de marbre blanc qui veillent auprès des tombeaux, vous n’aviez plus rien de terrestre. Vos yeux brillaient d’un feu sombre, et votre vaste front, dont vous aviez écarté vos cheveux noirs, s’élevait, su-