Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/231

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Abel pour me venger de Dieu mon tyran ? Voulez-vous crier comme un chien effaré qui voit la lune semer des fantômes sur les murs ? Voulez-vous mordre la terre et manger du sable comme Nabuchodonosor ? Voulez-vous comme Job cracher votre colère et la mienne dans de véhémentes imprécations ? Voulez-vous, jeune homme pur et pieux, vous plonger dans l’athéisme jusqu’au cou et ramper dans la fange où j’expire ? Je souffre, et je n’ai pas de force pour crier. Allons, rugissez pour moi ! Eh bien ! vous pleurez !… Vous pouvez pleurer, vous ? Heureux ceux qui pleurent ! Mes yeux sont plus secs que les déserts de sable où la rosée ne tombe jamais, et mon cœur est plus sec que mes yeux. Vous pleurez ? Eh bien ! écoutez pour vous distraire un chant que j’ai traduit d’un poëte étranger.