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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/250

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Vous buvez cette eau limpide et glacée qui a le goût de la menthe et du thym sauvage, sans en sentir la salutaire saveur ? Vous ne vous sentez pas rajeunie et retrempée dans cet air vif et subtil, parmi ces fleurs si belles et qui semblent si fières de ne rien devoir aux soins de l’homme ? Tournez-vous, et voyez ces buissons épais de rhododendrum ; comme ces touffes de fleurs lilas sont fraîches et pures ! comme elles se tournent vers le ciel pour en regarder l’azur, pour en recueillir la rosée ! Ces fleurs sont belles comme vous, Lélia, incultes et sauvages comme vous ; ne concevez-vous pas la passion qu’on a pour ces fleurs ?

Lélia sourit et rêva long-temps, les yeux fixés sur la vallée déserte.

— Sans doute, il nous faudrait vivre ici, dit-elle enfin, pour conserver le peu qui nous reste au cœur ; mais nous n’y vivrions pas trois jours sans flétrir cette végétation et sans souiller cet air. L’homme va toujours