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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/266

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de ces hommes sublimes qui aspirent à ramener la vertu dans notre âge de fer ! Si je doutais, comme vous, de leur succès, je ne voudrais pas le dire. Je craindrais de commettre un crime impie.

— J’admire ces hommes, répondit Lélia, et je voudrais être le dernier d’entre eux. Mais que pourront ces pâtres, qui portent une étoile au front, devant le grand monstre de l’Apocalypse, devant cette immense et terrible figure qui se dessine sur le premier plan de tous les tableaux du prophète. Cette femme pâle, et belle comme le vice, cette grande prostituée des nations, couverte des richesses de l’Orient et chevauchant une hydre qui vomit des fleuves de poison sur toutes les voies humaines, c’est la civilisation, c’est l’humanité dépravée par le luxe et la science, c’est le torrent de venin qui engloutira toute parole de vertu, tout espoir de régénération.

— Ô Lélia ! s’écria le poëte frappé de su-