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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/268

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se levait pour détruire, et qui, pour avoir couru trop vite, a ruiné les fondations, à peine posées, de l’avenir. Et parce que vous avez reculé de quelques jours l’œuvre des siècles, vous croyez avoir brisé le sablier de l’éternité ! Il y a bien de l’orgueil dans cette douleur, ô Lélia ! Mais Dieu laissera passer ce flot de siècles orageux qui pour lui n’est qu’une goutte d’eau dans la mer. L’hydre dévorante mourra faute d’alimens, et de son cadavre, qui couvrira le monde, sortira une race nouvelle, plus forte et plus patiente que l’ancienne.

— Vous voyez loin, Sténio ! Vous personnifiez pour moi la nature dont vous êtes l’enfant encore vierge. Vous n’avez pas encore émoussé vos facultés : vous vous croyez immortel parce que vous vous sentez jeune, comme cette vallée inculte, qui fleurit belle et fière, sans songer qu’en un seul jour le soc de la charrue et le monstre à cent bras qu’on appelle industrie peuvent flétrir son sein pour en ravir les trésors ; vous grandissez