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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/281

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souffrira plus et qu’on se repose là, sous la protection du Seigneur ! Mais quelle sera l’autre vie ? Je n’avais pas encore trouvé une forme sous laquelle je pusse la désirer. Jusque-là, sous quelque aspect qu’elle m’apparût, elle me faisait peur ou pitié. D’où vient que je n’ai pas cessé un jour pourtant de la désirer ? Quel est ce désir inconnu et brûlant qui n’a pas d’objet conçu et qui dévore le cœur comme une passion ? Le cœur de l’homme est un abîme de souffrance dont la profondeur n’a jamais été sondée et ne le sera jamais.

Je restai là tant que le soleil fut au-dessus de l’horizon, et tout ce temps-là je fus bien. Mais quand il n’y eut plus dans le ciel que des reflets, une inquiétude croissante se répandit dans la nature. Le vent s’éleva, les étoiles semblèrent lutter contre les nuages agités. Les oiseaux de proie élevèrent leurs grands cris et leur vol puissant dans le ciel ; ils cherchaient un gîte pour la nuit, ils étaient tourmentés par le besoin, par la crainte. Ils sem-