Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/290

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l’impression que vous laisse la représentation dramatique de quelque passion fortement exprimée. Dans le rêve, l’ame assiste aux spectacles les plus terribles, et ne peut distinguer l’illusion de la vérité. Le corps bondit, se tord et palpite sous des émotions affreuses de terreur et de souffrance, sans que l’esprit ait la conscience de son erreur pour se donner, comme au théâtre, la force d’aller jusqu’au bout. On s’éveille baigné de sueur et de larmes, l’esprit frappé d’une stupide consternation, et fatigué pour tout un jour de l’exercice inutile qui vient de lui être imposé.

Il y a des rêves plus pénibles encore. C’est de se croire condamné à accomplir quelque tâche extravagante, quelque travail impossible, comme de compter les feuilles dans une forêt, ou de courir rapide et léger comme l’air ; de traverser, aussi vite que la pensée, vallons, mers et montagnes pour atteindre une image fugitive, incertaine,