Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/296

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meure des vivans ou sur les tombes sans écho du cimetière ! Comme elles vous saisissent et vous font palpiter de colère et d’effroi sur votre couche brûlante ! Encore une ! me suis-je dit souvent, encore une partie de mon existence qui se détache ! encore un rayon d’espoir qui s’éteint ! Encore des heures ! toujours des heures perdues, et qui tombent toutes dans l’abîme du passé, sans amener celle où je me sentirai vivre !

J’ai passé la journée d’hier dans un profond accablement. Je n’ai pensé à rien. Je crois que j’ai eu du repos tout un jour ; mais je ne me suis pas aperçue que je me reposais. Et alors à quoi bon ?

Le soir j’ai résolu de ne point dormir, et d’employer la force que mon ame retrouve pour les rêves à poursuivre comme autrefois une idée. Il y a bien long-temps que je ne lutte plus, ni contre la veille, ni contre le sommeil. Cette nuit j’ai voulu reprendre la lutte, et puisqu’en moi la matière ne peut