Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/349

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— Hélas ! vous m’accusez, Pulchérie, et vous ne savez pas s’il a dépendu de moi de faire un choix et de suivre un plan dans la vie. Savez-vous quel a été mon sort depuis que nous nous sommes séparées ?

— J’ai su ce que le monde a dit de vous, répondit la courtisane ; j’ai vu seulement que vous aviez une existence problématique comme femme. J’ai su que vous marchiez environnée de mystère et d’affectation poétique, et j’ai souri de pitié en songeant à cette hypocrite vertu qui consiste à tirer vanité de l’impuissance ou de la peur.

— Humiliez-moi, répondit Lélia ; j’ai si peu de confiance en moi aujourd’hui, que je ne trouve rien pour me justifier ; mais voulez-vous entendre le récit de cette vie morale, si aride et si pâle, et pourtant si longue et si amère ? Vous me direz ensuite s’il peut y avoir un remède à de si anciennes douleurs, à de si profonds découragemens.

— J’écoute, répondit Pulchérie, en ap-