Aller au contenu

Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gard était moqueur et sévère. C’était bien ainsi que je l’avais toujours rencontré. Mais il ne m’avait jamais intimidé comme en cet instant… Est-ce que vous ne vous souvenez pas de mon trouble et de ma rougeur ?

— Je me souviens même d’un mot que je ne pus m’expliquer, répondit Lélia. Vous me fîtes pencher sur l’eau, et vous me dîtes : — Regarde-toi, ma sœur : ne te trouves-tu pas belle ? — Je vous répondis que je l’étais moins que vous. — Oh ! tu l’es bien davantage, reprîtes-vous. Tu ressembles à un homme.

— Et cela vous fit hausser les épaules de mépris, reprit Pulchérie.

— Et je ne devinai pas, répondit Lélia, qu’une destinée venait de s’accomplir pour vous, tandis que pour moi aucune destinée ne devait jamais s’accomplir.

— Commencez votre histoire, dit Pulchérie. Les bruits de la fête se sont éloignés ;