Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/50

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passionnée et une sœur comme vous, Lélia ! Les liens du sang qui ont tant de poids sur les natures vulgaires, que sont-ils au prix de ceux que nous forge le ciel dans le trésor de ses mystérieuses sympathies ?

Non, s’il est votre frère, il ne vous aime pas mieux que moi, et vous ne lui devez pas plus de confiance qu’à moi. Qu’il est heureux, le maudit, si vous vous plaisez à lui dire vos souffrances, et s’il a le pouvoir de les adoucir ! Hélas ! vous ne m’accordez pas seulement le droit de les partager ! Je suis donc bien peu de chose ! Mon amour a donc bien peu de prix ! Je suis donc un enfant bien faible et bien inutile encore, puisque vous avez peur de me confier un peu de votre fardeau ! Oh ! je suis malheureux, Lélia ! car vous l’êtes, vous, et vous n’avez jamais versé une larme dans mon sein. Il y a des jours où vous vous efforcez d’être gaie avec moi, comme si vous aviez peur de m’être à charge en vous livrant à votre hu-