Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/58

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d’impossible pour lui, c’est le repos ; il est comme l’oiseau des tempêtes qui ne peut vivre sans les flots agités et les vents en fureur. On l’accuse d’aimer l’or ! il l’aime si peu qu’il le jette à pleines mains. Ces dons de l’enfer ne sauraient lui profiter ni l’assouvir. À peine riche, il lui tarde d’être ruiné afin de goûter encore cette nerveuse et terrible émotion sans laquelle la vie lui est insipide. Qu’est-ce donc que l’or à ses yeux ? Moins, par lui-même, que des grains de sable aux vôtres. Mais l’or lui est un emblême des biens et des maux qu’il vient chercher et braver. L’or, c’est son jouet, c’est son ennemi, c’est son Dieu, c’est son rêve, c’est son démon, c’est sa maîtresse, c’est sa poésie ; c’est l’ombre qu’il poursuit, qu’il attaque, qu’il étreint, puis qu’il laisse échapper pour avoir le plaisir de recommencer la lutte, et de se prendre encore une fois corps à corps avec le destin. Allez ! c’est beau cela ! c’est absurde ; il faut le condamner, parce que l’énergie, em-