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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/129

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poussa doucement en lui faisant signe de garder le silence. Sténio se souleva avec effort, et, brisé de fatigue, d’émotion et de plaisir, il s’approcha de la fenêtre entr’ouverte. L’orage était entièrement dissipé, les lourdes vapeurs dont le ciel était chargé quelques heures auparavant s’étaient roulées en longues bandes noires, et s’en allaient une à une poussées par le vent vers l’horizon grisâtre. La mer brisait avec un léger bruit ses lames écumeuses et nonchalantes sur le sable du rivage et sur les degrés de marbre blanc de la villa. Les orangers et les myrtes, agités par le souffle du matin, se penchaient sur les flots et secouaient leurs branches en fleurs dans l’onde amère. Les lumières pâlissaient aux mille fenêtres du palais Bambuccj, et quelques masques erraient à peine sous le péristyle bordé de pâles statues.

— Oh, quelle heure délicieuse ! s’écria Sténio, en ouvrant ses narines et sa poitrine à cet air vivifiant. Ô ma Lélia ! je suis