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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/182

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faut donc que j’échappe à ces dangers, que je me soustraie à ces souffrances. Il faut aussi que je me préserve des mépris de celle que j’aime d’un amour indigne et révoltant. Adieu, Madame, je vous fuis pour jamais. Vous ne rougirez plus d’inspirer les ardeurs dont j’étais consumé à vos pieds.

Mais comme mon ame n’est pas dépravée, comme je ne puis porter, dans les bras des infâmes débauchées que vous me donnez pour amantes, un cœur rempli d’un saint amour, comme je ne puis allier le souvenir des voluptés célestes au sentiment des terrestres voluptés, je veux désormais éteindre mon imagination, abjurer mon ame, fermer mon sein aux nobles désirs. Je veux descendre au niveau de la vie que vous m’avez faite et vivre de réalités, comme jusqu’ici j’ai vécu de fictions. Je suis homme maintenant, n’est-ce pas ? J’ai la science du bien et du mal. Je puis marcher seul. Je n’ai plus rien à apprendre. Restez dans votre repos, j’ai perdu le mien.