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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/213

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que mes neveux voient un jour la terre de Chanaan.

Sténio serra son verre d’une main convulsive. Un voile noir sembla s’abaisser sur sa figure. Puis elle s’anima soudain de cette rougeur fébrile qui se répand en nuances inégales sur les visages altérés par la débauche et qui diffère essentiellement de la coloration fine et bien mêlée de la jeunesse.

— Non, non, dit-il, je ne partirai pas sans que Trenmor ait refait connaissance avec son ami. Si le jeune homme confiant et crédule n’existe plus, il faut qu’il voie au moins le buveur intrépide, le voluptueux élégant qui est sorti des cendres de Sténio. Zinzolina, faites remplir toutes les coupes. Je bois aux mânes de Don Juan, mon patron ; je bois à la jeunesse de Trenmor. — Mais non, ce n’est pas assez, qu’on remplisse ma coupe d’épices dévorantes, qu’on y verse le poivre qui altère, le girofle qui fait aimer, le gin-