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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/219

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nio avec colère, ou je t’enfonce ton verre dans la gorge.

Puis, il essuya la sueur qui coulait de son front, et d’une voix mâle et pleine qui contrastait avec ses traits exténués et la pâleur bleuâtre qui se répandait sur son visage enflammé, il reprit en se levant :


Ou si Dieu me refuse une mort fortunée,
De gloire et de bonheur à la fois couronnée,
            Si je sens mes désirs,
D’une rage impuissante immortelle agonie,
Comme un pâle reflet d’une flamme ternie,
            Survivre à mes plaisirs,

De mon maître jaloux, insultant le caprice,
Que ce vin généreux abrège le supplice
            Du corps qui s’engourdit ;
Dans un baiser d’adieu que nos lèvres s’étreignent,
Qu’en un sommeil glacé tous mes désirs s’éteignent,
            Et que Dieu soit maudit.


En achevant cette phrase, Sténio devint livide, sa main chancela et laissa tomber la coupe qu’il portait à ses lèvres. Il essaya de