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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/225

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peut-être ! Qu’elle ne me rappelle donc pas, car je lui rendrais tout le mal qu’elle m’a fait, et je serais trop vengé !

— Ton amertume me rassure, ta colère me plaît, dit Trenmor. Je craignais de te retrouver insensible au souvenir du passé. Je vois qu’il t’irrite profondément et que la résistance de Lélia est restée dans ta mémoire comme une incurable blessure. Dieu soit béni ! Sténio n’a perdu que la santé physique ; son ame est encore pleine d’énergie et d’avenir.

— Philosophe superbe, railleur stoïque, s’écria Sténio avec fureur, êtes-vous venu ici pour insulter à mon agonie, ou prenez-vous un plaisir imbécile à déployer votre calme impassible devant mes tourmens ? Retournez d’où vous venez, et laissez-moi mourir au sein du bruit et de l’ivresse. Ne venez pas mépriser les derniers efforts d’une ame flétrie peut-être par ses égaremens, mais non pas avilie par la compassion d’autrui.