Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/254

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de leurs pieds un froid plus sensible, afin qu’en regardant ces traits augustes, en baisant ces pieds sans tache, nous n’ayons pas de pensée impure ou d’illusion funeste. Prions-le aussi, quand il apparaît dans nos songes, de ne pas prendre les traits délicats, le regard tendre, la robe flottante et les longs cheveux d’une femme. »

Le moine s’interrompit brusquement ; un long silence, produit peut-être par l’étonnement et le trouble, succéda dans le chœur à ce couplet inachevé. Enfin, les voix d’enfans achevèrent ce cantique en répétant :

« Invoquez l’ange gardien, louez Dieu. »

Pendant ce temps, Sténio vit un moine, jeune encore, sortir seul de la chapelle et s’enfoncer avec agitation sous les arceaux du cloître. Il lui sembla reconnaître dans la démarche de cet homme, comme dans le son de voix qui l’avait frappé, le prêtre irlandais qu’il avait vu fou, Magnus.