Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/289

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dont le génie promettait au monde une jeunesse nouvelle, toute d’amour et de poésie, car les chanteurs et les poëtes sont des prophètes envoyés aux hommes pour ranimer leurs esprits énervés, pour rafraîchir leurs fronts brûlans ; toi, Sténio, qui, dans tes jeunes années, marchais revêtu de grâce et de pureté comme d’une robe sans tache et d’une auréole lumineuse, je ne saurais m’effrayer de tes destins ; je ne puis pas désespérer de ton avenir. Comme Magnus, tu subis la grande épreuve, la terrible agonie réservée aux puissans ; mais dès cette vie tu t’en relèveras comme lui. Tu luttes encore, et, tout saignant de la torture, tu méconnais la main qui t’essaie ; mais bientôt nous te verrons, étoile obscurcie, briller plus blanche et plus belle à la voûte des cieux.

— Et que faudra-t-il faire pour cela, Trenmor ? demanda Sténio.

— Il faudra te reposer seulement, répondit Trenmor, car la nature est bonne à ceux