Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/308

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implorer ta merci. Les nœuds les plus sacrés se dénoueront dès que tu auras dit : Je le veux. Si un père te réclame sa fille, tu plongeras ton épée dans son cœur désolé, et tu souilleras ses cheveux blancs dans le sang et la boue. Si un amant furieux vient te disputer, le fer à la main, la beauté de sa maîtresse, tu railleras sa colère et tu te confieras dans ta mission irrévocable. Tu l’attendras de pied ferme, sans hâter le coup qui doit le frapper. Un ange que j’enverrai obscurcira son regard et le mènera au devant de la blessure.

C’est-à-dire que Dieu, n’est-ce pas, gouvernait le monde pour tes plaisirs ? il commandait au soleil de se lever pour éclairer les hameaux et les tavernes, les couvens et les palais, où ta verve libertine improvisait ses aventures ; et, quand la nuit était venue, quand ta lèvre insatiable s’était abreuvée de soupirs et de caresses, il allumait au ciel les silencieuses étoiles, pour protéger ta retraite et guider tes nouveaux voyages.