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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/324

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tout. L’odeur des iris montait faiblement sur la brise tiède et nonchalante. L’air était si doux, la nuit si bleue et si paisible, que les pensées sinistres du moine s’effacèrent involontairement. Un rossignol se mit à chanter d’une voix si suave que Magnus rêveur s’arrêta à l’écouter. — Était-il possible qu’une horrible tragédie se fût jouée tout-à-l’heure dans un lieu si calme, par une aussi belle nuit d’été ? — Cette noire idée s’effaça d’elle-même. Magnus reprit lentement et en silence le chemin de sa cellule. Il traversa le cimetière, enveloppé de ténèbres, dirigé par l’instinct et l’habitude au travers des arbres et des tombeaux. Quelquefois pourtant, il se heurta contre le marbre d’un cénotaphe, et se trouva enveloppé et comme saisi par les branches pendantes des vieux ifs. Mais aucune voix plaintive, aucune main tiède encore ne l’arrêta. Il s’étendit sur les joncs de sa couche, et les heures de la nuit sonnèrent dans le silence.