Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/337

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— Bénissez-moi, mon père, lui dit-il, car je viens à vous souillé d’un grand crime ; j’ai causé la damnation d’une ame. Sténio, le voyageur, l’ami du sage Trenmor, le jeune Sténio, cet enfant du siècle que vous m’aviez permis d’entretenir souvent pour tâcher de le ramener à la vérité, je l’ai mal conseillé, j’ai manqué de force et d’onction pour le convertir ; mes prières n’ont pas été assez ferventes ; mon intercession n’a pas été agréable au Seigneur, j’ai échoué… Ô mon père ! serai-je pardonné ? Ne serai-je pas maudit, pour ma faiblesse et mon impuissance ?

— Mon fils, dit le prieur, les desseins de Dieu sont impénétrables, et sa miséricorde est immense. Que savez-vous de l’avenir ? Le pécheur peut devenir un grand saint. Il nous a quittés, mais Dieu ne l’a pas abandonné, Dieu le sauvera. La grâce peut l’atteindre partout et le retirer des plus profonds abîmes.

— Dieu ne l’a pas voulu, dit Magnus