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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/340

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il me pria de le quitter, et je le quittai machinalement, heureux de me soustraire à ma souffrance et d’aller me réfugier au pied du Christ. Je m’occupai trop de moi-même ; j’oubliai trop la garde du pécheur que Dieu m’avait confié. Au lieu de prendre la brebis égarée sur mes épaules, j’eus peur de la solitude, de la nuit et des loups dévorans. Je revins seul au bercail ; mauvais pasteur, j’abandonnai la brebis égarée ; et, quand je revins, je ne la trouvai plus. Satan avait enlevé sa proie. L’esprit du mal avait entraîné cette victime dans le gouffre de l’éternelle perdition.

— Mais quoi ! où est le pécheur ? s’écria le prieur, en découvrant sa tête blanche avec vivacité. Que savez-vous de sa mort ?

— J’ai trouvé ce matin dans les herbes du lac ce corps où l’ame ne réside plus ; je n’ai plus rien à faire, rien à espérer pour Sténio. Ordonnez-moi une rude pénitence, mon père, afin que j’aille l’accomplir et laver mon ame.