Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/346

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quelque berger de donner la sépulture à ce cadavre. L’Église nous défend de lui ouvrir les portes du temple et de l’ensevelir en terre sainte…

Cet arrêt effraya Magnus plus que tout le reste. Il frappa sa tête avec violence sur le pavé, et son sang coula sur sa joue livide sans qu’il s’en aperçût.

— Allez, mon fils, dit le prieur en le relevant, prenez courage, obéissons à la sainte Église, mais espérons. Dieu est grand, Dieu est bon ; nul n’a sondé jusqu’au fond les trésors de sa miséricorde. D’ailleurs, nous sommes des hommes faibles et des esprits bornés. Obéissons à la lettre et n’interrogeons pas l’esprit des lois sacrées. Aucun homme, fût-il le chef de l’Église, n’a le droit de condamner un autre homme irrévocablement. L’agonie du pécheur a pu être longue. En se débattant contre les approches de la mort, il a pu être éclairé d’une soudaine lumière. Il a pu se repentir et faire entendre une prière si fervente