Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/349

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qui croissent dans les prés humides. Les liserons blancs et les clématites, qui grimpaient le long des flancs du rocher, se suspendaient à la voûte en festons gracieux et sauvages. Ce lit funèbre, si frais, si agreste, surmonté d’un dais de fleurs, et baigné des plus suaves parfums, était digne de protéger le dernier sommeil d’un jeune et beau poëte endormi dans le Seigneur.

Les montagnards s’agenouillèrent en voyant le prêtre s’agenouiller ; les femmes, dont le nombre avait grossi considérablement depuis le matin, commencèrent à égrainer leur rosaire ; tous s’apprêtaient à suivre le moine et le cadavre jusqu’à la grille des Camaldules, et à revenir au bord du lac pour assister, de l’autre rive, aux funérailles du cimetière. Mais, lorsque après une longue attente, ils virent le soleil descendre vers l’horizon sans que Magnus leur dît d’enlever le corps, sans que les moines, revêtus de leurs camails noirs couverts d’ossemens et de