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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/370

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tourdissent du bruit de leurs mensonges. C’est à moi maintenant de t’invoquer dans mes prières ; c’est à moi d’implorer ta puissance et ta sagesse. Car tu sais le néant des plaisirs après lesquels tu soupirais ; tu regardes en pitié les grandeurs et les gloires qui t’éblouissaient ; tu ne désires plus, tu jouis. La présence de Dieu suffit à tes extases. Les sourires que tu me demandais à genoux, les caresses que tu aurais payées de ton sang ne sont-elles pas maintenant pour ta lumineuse clairvoyance un objet de raillerie ?

Mais non, j’en suis sûre, depuis que tu sais, depuis que la main divine, en passant le doigt sur ta paupière, a dessillé tes yeux, ton ame, qui s’irritait de son ignorance et de sa faiblesse, est aujourd’hui indulgente et sereine. Le tumulte de nos espérances, les visions ambitieuses de nos rêves sont devant toi, comme devant Dieu, l’expression incomplète, mais sincère, de notre humilité présente. Si nous aspirons si haut, n’est-ce pas, c’est que