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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/379

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étouffait dans ce corps délicat et frêle, dans ce monde sans soleil. Nous n’étions pas dignes de toi : tu nous as refusé ton amour, tu nous as retiré tes désirs et tes caresses. Retourne à Dieu, ange fourvoyé dans nos voies impures. Protége-nous, pardonne-nous de ne t’avoir rien donné de ce que tu demandais. C’est que nous étions des hommes et que tu valais mieux que nous.

Va, Sténio, nous nous retrouverons, et alors nous serons dignes l’un de l’autre. Mon ame est sœur de la tienne, elle s’ennuie, elle se lasse, elle s’indigne de tout. Comme la tienne, elle a désiré sans atteindre, elle a travaillé sans recueillir. Dieu me condamne à de plus longues expiations ; car, plus prudente ou plus peureuse que toi, j’ai reculé devant les épreuves que tu as voulu subir, j’ai évité les dangers où tu t’es précipité. Un mal plus lent doit me dévorer, pour que l’éternelle justice soit satisfaite. Mais ces jours si longs sur la terre, quelle valeur ont-ils dans