Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/381

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pravée à la poursuite de vingt chimères, si mon amour ne se fût pas donné et retiré, si l’erreur, le désespoir et la faiblesse ne m’eussent pas flétrie, j’aurais été à toi. Mais ta jeunesse croyait voir en moi toutes les vertus, toutes les grandeurs que je n’avais plus. Tu te serais donné à moi sans réserve, et je t’aurais appauvri, flétri et desséché. Non, je n’ai pas voulu profiter de ton erreur, et maintenant c’est mon seul titre auprès de toi. Adieu, Sténio, adieu, adieu, toi seul que j’ai aimé d’un amour noble et fort. Plains-moi, je vais vivre.

Elle déposa sur les lèvres violettes de Sténio un dernier baiser ; elle détacha de sa couronne une fleur flétrie qu’elle mit sur son cœur, et elle reprit le sentier de la vallée sans avoir fait attention au moine, qui, debout, dans l’ombre, adossé avec raideur au mur de la grotte, dardait sur elle ses yeux étincelans.

La raison de Magnus l’avait abandonné ; il