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Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 2.djvu/53

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vait enlevé des illusions. Mes sens, loin d’être appauvris, étaient donc renouvelés. Les splendeurs et les parfums du printemps, les influences excitantes d’un soleil tiède et d’un air pur, l’inexplicable sympathie qui s’empare de l’homme au temps où la terre en travail semble exhaler la vie et l’amour par tous les pores, me jetèrent dans des angoisses nouvelles. Je ressentis tous les aiguillons de l’inquiétude, des désirs vagues et impuissans. Il me sembla que je devenais femme, que je reprenais à la vie, que je pourrais encore aimer et désormais sentir. Une seconde jeunesse, plus vigoureuse et plus fébrile que la première, faisait palpiter mon sein avec une violence inconnue. J’étais à la fois effrayée et joyeuse de ce qui se passait en moi, et je m’abandonnais à ce trouble extatique sans savoir quel en serait le réveil.

» Mais bientôt la frayeur revenait avec la réflexion. Je me rappelais les infortunes déplorables de mon expérience. Les désastres