Page:Sand - L Autre.djvu/106

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déjà ! Froids et superbes, vous outragez sans pitié les cœurs brisés, les dupes de l’enthousiasme, vous marchez dans leur sang, vous ne prévoyez pas que le vôtre s’y mêlera et qu’au lieu de devenir un germe d’avenir, il ne laissera peut-être derrière vous qu’une tache !

MARCUS.

Monsieur, j’ai vu tout à l’heure Hélène pleurer dans vos bras et vous refusez d’être son époux ! si je ne puis obtenir de vous ni aveu ni réparation, je sais ce qu’il me reste à faire et je le ferai. Je me tiendrai armé contre cette porte, et, quand vous essayerez de la franchir, je vous tuerai comme un fléau domestique, comme un ennemi de ma famille, comme un malfaiteur !

MAXWELL.

Et si j’étais tout cela, Marcus ? si, abusant de la confiance qu’inspire mon caractère, je m’étais introduit ici pour vous voler le cœur d’Hélène, et qu’elle, toujours pure, mais désabusée, vînt réclamer votre amour ?… Répondez ! Que feriez-vous ?…

MARCUS.

Hélène toujours pure !… je vous prie de croire que je n’en doute pas, monsieur ; mais, si elle vous a aimé… Ah ! tenez ! je le sais bien, qu’elle vous aime !

Il fond en larmes.
MAXWELL.

Ne dites plus rien ! Ces larmes parlent assez. Oui, Marcus, elle m’aime et je la chéris, je l’adore. C’est mon droit, mon droit sacré : je suis son père !