Page:Sand - L Autre.djvu/29

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quand vous vous moquez de moi ! Vous rendez bien Hélène un peu railleuse aussi…

JEANNE.

Perdez donc l’habitude de dire Hélène ! Vous voyez toujours en elle une enfant, et la voilà bientôt majeure.

CÉSAIRE.

C’est juste, Jeanne… mademoiselle Jeanne ! vous seule avez le droit… je dirai comme vous voudrez… Je suis venu de bonne heure, parce que c’est jeudi…

JEANNE.

Mon cher ami, vous croyez distraire et amuser mademoiselle avec vos antiquités. Elle aime l’étude, mais pas jusqu’à la manie. J’ai bien peur qu’elle ne travaille plus avec vous que par complaisance pour vous. Dans tous les cas, elle ne travaillera pas aujourd’hui. Elle a été avec sa grand’mère à Antibes. Rangez vos livres.

CÉSAIRE, qui éparpille ses livres sur toute la table.

Oui, oui, c’est ce que je fais. Mais ne croyez pas que j’ennuie Hélène. Je résume pour elle avec un soin… Si j’apporte tous les livres où j’ai puisé, c’est pour qu’elle puisse vérifier. Elle n’est pas tenue de me croire sur parole… Vous vous en allez déjà ? J’avais tant de choses à vous dire, et voilà que je ne sais plus…

JEANNE.

Vous me le direz plus tard. Il faut que je m’occupe du dessert.

CÉSAIRE.

Ah ! si fait, tenez, une bonne nouvelle ! Monsieur le docteur Maxwell est arrivé d’Angleterre cette nuit.

JEANNE, inquiète.

Vous l’avez vu ? Il vient plus tôt que les autres années.

CÉSAIRE.

Je l’ai vu ce matin en passant devant sa villa. Je lui ai