Page:Sand - L Autre.djvu/35

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son tous ensemble. Il faut qu’une femme puisse aimer sérieusement son mari, ou l’estimer sans réserve, pour rester invulnérable aux dangers de la vie.

CÉSAIRE.

Pardon ! je n’accepte pas cette morale-là, moi ! l’amour du devoir suffit à tout.

MAXWELL.

Et le bonheur de la femme, vous le comptez pour rien ?

CÉSAIRE, s’animant.

Pardon ! mais je le place dans le triomphe de sa vertu ; et je dis qu’aucun membre de la société, à quelque sexe qu’il appartienne, n’a le droit d’être heureux à tout prix. C’est avec cette soif aveugle que l’on tombe d’un malheur dans un pire et d’un hymen sans joie dans un abîme sans fond, l’ivresse qu’on expie !

MAXWELL, ému.

Vous avez raison, Césaire ! Vous êtes un homme de bien, et vous donnez à Hélène d’excellents conseils… Mais ce n’est pas tout que d’armer une jeune âme ; pour ces combats sublimes, il faut lui choisir le terrain favorable.

CÉSAIRE.

Pourtant… Mais voici Hélène.




Scène V


Les Mêmes, HÉLÈNE.


HÉLÈNE, venant par la terrasse.

Quelle bonne surprise !… (Elle tend les mains à Maxwell, qui les lui baise avec émotion.) Vous arrivez juste pour mon anniversaire !