Page:Sand - L Autre.djvu/81

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se doute toujours pas de la mort de mon oncle, puisque… Pauvre tante ! parle-t-elle, à présent ?

CASTEL.

Pas encore.

MARCUS.

Pas un mot depuis six semaines !

CASTEL.

Vous trouvez ça étonnant, qu’ayant été comme morte pendant plusieurs jours, elle ne soit pas encore en état de faire la conversation ?

MARCUS.

Le docteur Pons dit qu’elle restera ainsi !

CASTEL.

Le docteur Pons est un âne ! si on l’écoutait, on enterrerait ses malades tout vivants ! Ah ! les médecins !

MARCUS.

Mais monsieur Maxwell !

CASTEL.

Ce n’est pas un médecin, celui-là ! C’est, ne vous en déplaise, un homme de génie qui l’a sauvée et qui nous la conservera.

MARCUS, regardant la comtesse.

Oui, mais muette, égarée !

CASTEL.

Elle n’est ni l’un ni l’autre. Je vous dis, moi, qu’elle pense, qu’elle réfléchit, même ; qu’elle a sa raison et qu’elle se porte mieux qu’auparavant. Si elle ne parle pas, c’est qu’elle sent que ça la fatiguerait. Elle attend que la force lui revienne ; elle a plus de patience et de sagesse que nous tous, à commencer par vous, ce qui n’est pas difficile !

MARCUS.

Merci, père Castel ! Vous me détesterez donc toujours ?