Page:Sand - L Autre.djvu/88

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HÉLÈNE.

Puisque, moi, je te dispense de la passion !…

MARCUS, avec humeur.

C’est-à-dire que tu comptes t’en dispenser aussi.

HÉLÈNE, un peu railleuse.

Eh bien, c’était le programme. Tu ne m’épousais qu’à la condition de ne pas être follement aimé.

MARCUS.

Tu te moques de moi, je le mérite. Avec les femmes, pour être pris au sérieux, il faut dire des extravagances.

HÉLÈNE.

Pourquoi des extravagances ?

MARCUS.

Tu as eu pitié de moi, Hélène, parce que tu es bonne ; mais ton cœur a besoin d’amour et ton imagination de prestige. Attendons que l’inconnu de ta situation se dégage : si tu es brisée, rappelle-moi ; où que je sois, je reviendrai t’offrir ma vie ; mais, si tu triomphes, ou si un héros de roman, riche… et persuasif… se présente, tu n’auras pas besoin de me reprendre ta parole, je te la rends dès aujourd’hui.

HÉLÈNE.

Qu’est-ce que c’est que tout cela que tu me dis ? Est-ce la crainte d’aborder avec moi une vie difficile ? Est-ce un manque de confiance dans la durée de mon dévouement ?

MARCUS.

Ah ! voilà ! c’est moi qui aurai eu tort ! Dis tout de suite que je ne méritais pas ta générosité.

HÉLÈNE.

Tu supposes que je veux rompre, quand c’est toi ?

MARCUS.

Eh parbleu, c’est toi !