— Vous voyez bien que j’ai raison d’en avoir peur. Et son diamant noir, y avez-vous fait attention ?
— Oui, j’ai remarqué le hideux diamant noir, comme il essuyait son front avec sa main décharnée ; car elle est décharnée, sa main, par contraste avec son gros ventre et sa face bouffie.
— De qui parlez-vous donc comme cela ? dit une jeune Russe qui s’était levée pour étaler sa robe sur son panier. Est-ce du baron de Waldemora ?
— J’étais en train de dire, répondit Cristiano sans se déconcerter, que cet homme-là n’avait pas trois mois à vivre.
— Oh ! alors, s’écria la Russe en riant, il faut vous hâter de l’épouser, Marguerite !
— Gardez le conseil pour vous-même, Olga, répondit la jeune comtesse.
— Hélas ! je n’ai pas, comme vous, une tante à qui rien ne résiste ! Mais à quoi voyez-vous, monsieur Goefle, que le baron soit si malade ?
— À son embonpoint mal réparti, au blanc jaune de son œil vitreux, aux ailes pincées de son nez en bec d’aigle, et surtout à quelque chose d’indéfinissable que j’ai éprouvé en le regardant.
— Vraiment ? Êtes-vous doué de la seconde vue, comme les habitants du nord de ce pays ?
— Je n’en sais rien. Je ne me crois pas sorcier ;