Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/149

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résolu ; mais vous voyez, monsieur le baron, que je ne le puis, et je ne pense pas que vous ayez l’intention de me soumettre à la torture.

Le baron fit un mouvement de surprise. C’était un homme intelligent, fort bien élevé et méfiant à l’excès. La comtesse ne l’avait pas tellement trompé, qu’il ne fût prêt à voir clair au moindre indice, et l’aversion de Marguerite était si manifeste, qu’il se le tint pour dit. Son sourire prit une expression de profond dédain, et il répondit avec une gracieuse ironie :

— Vous êtes mille fois trop bonne pour moi, mademoiselle, et je vous prie de croire que j’en suis profondément touché !

Et, s’adressant aussitôt à Olga, il l’invita et l’emmena par la main, tandis que Marguerite glissait dans l’autre main de la jeune ambitieuse son riche bracelet rapidement détaché.

— Monsieur Goefle, dit-elle vivement à Cristiano d’une voix tremblante, vous m’avez porté bonheur, je suis sauvée !

— Et pourtant vous êtes pâle, lui dit Cristiano, vous tremblez.

— Que voulez-vous ! j’ai eu peur, et, à présent, je songe à la colère de ma tante, et j’ai peur encore !… Mais c’est égal, je suis délivrée du baron ! Il se ven-