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IV


Certes, le baron n’aimait pas la danse, et sa corpulence ne se prêtait guère aux entrechats : toutefois on avait, dans ce temps-là, des danses nobles, auxquelles se mêlaient, par savoir-vivre, les personnes les plus graves. Le baron, veuf depuis longtemps, n’avait guère donné de fêtes tant que son futur héritier avait vécu ; mais, voyant son nom destiné à périr avec lui, ses titres et ses richesses menacés de passer à une autre branche de la famille qu’il haïssait, il avait fermement résolu de se remarier au plus vite, et de choisir, non une compagne aimable, dont il n’éprouvait pas le besoin moral, mais une fille fraîche et jeune, capable de lui donner des enfants. En conséquence, il avait remis son manoir sur un pied de luxe et convoqué le beau sexe de sa province, aux seules fins de poser sa couronne baroniale sur la