Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/157

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suis content de vous trouver là vous ! Je n’aime pas à manger seul, et nous causerons de choses sérieuses en satisfaisant la volonté aveugle de notre pauvre machine humaine… Bah ! vous voulez manger debout ? Oh ! que non, c’est très-défavorable à la digestion, et on ne sent pas le goût de ce qu’on mange… Karl, ouvre-nous cette table, la plus grande… Bien ! Et sers-nous du meilleur… Du jambon, des hors-d’œuvre ? Non, pas encore ! Quelque chose de substantiel, quelques bonnes tranches d’aloyau ; après quoi, tu nous choisiras la noix de ton jambon d’ours… Est-ce un jambon de Norvège au moins ? Ce sont les mieux fumés… Et du vin, Karl, à quoi songes-tu ? Du madère, du bordeaux, et tu y ajouteras quelques bouteilles de Champagne pour ce jeune homme, qui doit en être friand… C’est bien, Karl, en voilà assez, mon garçon ; mais ne t’éloigne pas, il nous faudra du dessert tout à l’heure.

En commandant de la sorte, M. Stangstadius s’installa le dos au poêle, et se mit à boire et à manger d’une si mirifique manière, que Cristiano, mettant toute honte de côté, se mit à dévorer de toute la puissance de ses trente-deux dents. Quant au savant, qui n’en avait plus qu’une douzaine, il savait si bien s’en servir, qu’il ne demeura pas en arrière, mais sans cesser de parler et de gesticuler avec une singu-