Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/192

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— Voyons ! dit vivement le major, êtes-vous inquiet de votre belle, mon cher Goefle ?

— Permettez ; je ne me donne pas le ton d’appeler ainsi la comtesse Marguerite. Elle est belle, c’est vrai ; mais, malheureusement pour moi, elle n’est mienne en aucune façon.

— Je n’y entendais pas malice, reprit Osmund. J’ai vu seulement, comme tout le monde, que vous aviez les honneurs de sa première contredanse, et que vous causiez ensemble de bonne amitié. Si vous n’êtes pas amoureux d’elle… ma foi, vous avez tort ; et, si elle n’a pas un peu de goût pour vous, elle a peut-être tort aussi, car vous nous paraissez à tous un charmant compagnon.

— Quant à moi, j’aurais parfaitement tort, je vous jure, de regarder avec convoitise un astre trop élevé sur mon horizon.

— Bah ! parce que vous n’êtes pas titré ? Mais votre famille a été ennoblie, et votre oncle l’avocat est une illustration par son talent et son caractère. En outre, il est riche au moins autant que la belle Marguerite, et elle ne sera pas toujours en tutelle. L’amour aplanit les obstacles, et, quand on a des parents fâcheux, on se fiance en secret. Dans notre pays, ces fiançailles-là sont aussi sacrées que les autres. Donc, si