Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/195

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étant sur pied depuis plus de vingt-quatre heures.

Cristiano fut approuvé et hautement traité de galant homme. On s’efforça de le retenir et de lui faire boire des spiritueux, ce que l’on supposait être une séduction irrésistible ; mais Cristiano était sobre comme le sont, en général, les habitants des pays chauds. Il voyait la nuit s’avancer, et jugeait prudent de mettre un terme à la comédie jouée jusque-là avec tant de succès. Il serra les mains, fit ses adieux, promit de revenir à l’heure du déjeuner, bien résolu à n’en rien faire, et, sans se laisser interroger sur la partie du château où il avait élu domicile, il reprit lestement et mystérieusement le sentier sur la glace du lac.

Ce fut à dessein qu’il oublia Loki et le traîneau du docteur en droit au château neuf. Il craignait d’être entendu et observé. Il s’en alla, en suivant la rive, jusqu’à ce qu’il fût trop loin pour être vu des fenêtres du château, et arriva à la porte du Stollborg, qu’il avait laissée ouverte, et que personne, Ulphilas moins que tout autre, n’avait songé à venir fermer.

Il prit ces précautions, parce que, à la pâle lumière de la lune, avait succédé la fugitive mais brillante clarté d’une aurore boréale magnifique : je dis magnifique quant au pays où elle se montrait, car elle n’eût été que très-ordinaire sous la latitude du nord de la Baltique ; mais il fallait qu’en cet instant elle