Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/205

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bien que vous n’êtes pas malsain, pardieu ! vous êtes d’une carnation magnifique… Et quels cheveux !… Ah ! mon gaillard, je reconnais l’odeur de ma poudre !… Mais comment diable êtes-vous allé au bal sans invitation, car vous n’avez pas une tenue de voyage qui annonce…

— Que j’appartienne à la bonne compagnie, n’est-ce pas ?… Oh ! dites, je ne suis pas susceptible à cet endroit-là.

— Après tout, je n’en sais rien : l’habit ne fait pas l’homme. Vous avez la main très-aristocratique. Voyons tout de suite : qui êtes-vous ? Si c’est un roman, j’aime les histoires romanesques, et si c’est un secret… eh bien, votre figure me plaît, et je vous promets une discrétion… d’avocat, c’est tout dire.

— Je ne doute pas de votre discrétion, monsieur Goefle, répondit Cristiano, et, d’ailleurs, il n’y a pas de secret dans ma vie que je ne puisse dire à un homme d’esprit et à un homme de bien ; mais mon histoire est un peu longue, je vous en avertis, et le poêle ne chauffe plus guère… Et puis, à vous dire vrai, quoique j’aie bien soupé la nuit dernière, j’ai toujours l’appétit ouvert aussitôt que les yeux, et je sens déjà des tiraillements…

— Et moi donc, dit M. Goefle, moi qui ai l’habi-