Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’objets d’art et d’antiquailles avec les étrangers, et qui était fixé à Pérouse. Mes parents n’aimaient pas ce juif parce qu’il était juif, et qu’on a, en Italie comme ici, de grandes préventions contre cette race. Il s’informa de moi avec sollicitude et demanda même à me voir pour s’assurer de mon état.

» Un an plus tard, comme nous avions passé l’été à la campagne, il vint, dès notre retour en ville, s’informer encore de moi et voir par ses yeux si j’avais grandi et si j’étais bien portant. On s’étonna alors tout à fait, et on lui demanda quelle sorte d’intérêt il me portait, en le menaçant de lui fermer la porte s’il ne donnait une explication satisfaisante de sa conduite, car on m’aimait déjà, et on craignait que je ne fusse enlevé par ce juif. Il avoua alors ou inventa de dire qu’il avait par hasard donné asile à l’homme masqué le jour où il m’avait apporté dans la ville, et qu’il lui avait arraché diverses confidences relatives à moi. Ces confidences vagues, invraisemblables et ne menant à rien, sont celles que je vous ai dites au commencement de mon histoire, et auxquelles il n’y a pas lieu probablement d’accorder la moindre créance. Ma mère adoptive ne fit que s’en amuser ; mais, trouvant dans l’aventure quelque chose de romanesque, elle me donna le surnom de