Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/227

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— De grands arbres, ce n’est pas l’Islande. Et du voyage qui vous amena en Italie, que vous est-il resté ?

— Absolument rien. Je crois que mon compagnon ou mes compagnons m’étaient inconnus au départ.

— Alors continuez votre histoire.

— C’est-à-dire que je vais la commencer, monsieur Goefle ; car, jusqu’ici, je n’ai pu vous parler que des circonstances mystérieuses dont, comme disent les poètes, mon berceau fut environné. Je vais prendre le récit de ma vie au premier souvenir bien net qui m’ait frappé ; ce souvenir, n’en soyez point scandalisé, monsieur Goefle, c’est celui d’un âne.

— D’un âne !… Quadrupède ou bipède ?

— D’un véritable âne à quatre pieds, d’un âne en chair et en os ; c’était la monture favorite de la bonne Sofia Goffredi, et il s’appelait Nino, diminutif de Giovanni. Or, cet âne me fut si cher, que j’ai donné à celui qui me sert maintenant pour porter mon bagage le nom de Jean, en souvenir de celui qui fit les délices de ma première enfance.

— Ah ! ah ! vous avez un âne ?… C’est donc celui qui m’a rendu visite hier au soir ?

— Et c’est donc vous qui l’avez fait mettre à l’écurie ?