Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/272

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mauvaises pièces de son étalage, et fit de grands cris pour appeler les gardes de police qui circulaient dans la foule. Dès qu’il eut réussi à les attirer, il prétendit que j’avais ameuté la populace contre lui ; qu’on l’avait poussé, au grand détriment de sa fragile marchandise ; qu’il était un honnête homme, payant patente et bien connu dans le pays, tandis que je n’étais qu’un vagabond sans aveu, et peut-être quelque chose de pis, qui sait ? peut-être le vil assassin du cardinal. C’est ainsi que l’on racontait déjà l’événement arrivé à Naples, et c’est moi que l’on désignait de la sorte à l’animadversion publique et aux agents de la police. Le peuple prit mon parti ; de nombreux témoins protestaient de mon innocence et de la leur propre. Personne n’avait heurté ou seulement touché l’étalage du mouleur. Le groupe qui m’entourait fit pacifiquement tête aux gardes, et s’ouvrit pour me laisser fuir.

» Mais, s’il y avait là de braves gens, il y avait aussi des gredins ou des poltrons qui me désignèrent du doigt sans rien dire, au moment où j’enfilais précipitamment une petite rue tortueuse. On me suivit ; j’avais de l’avance, mais je ne connaissais pas la localité, et, au lieu de gagner la campagne, je me trouvai sur une autre petite place, au milieu de laquelle une baraque de marionnettes absorbait l’at-