Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/279

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— Oh ! celui-là est tout nouveau, en effet ; il date de l’automne dernier, et il me serait difficile de vous dire pourquoi je l’ai choisi. Je crois qu’il m’est venu en rêve, comme une réminiscence de quelque nom de localité qui m’aurait frappé dans mon enfance.

— C’est singulier ! n’importe. Vous m’avez laissé dans la baraque des burattini, sur la place de…

— De Celano, reprit Christian. Encore sur les rives d’un beau lac ! Je vous assure, monsieur Goefle, que ma destinée est liée à celle des lacs, et qu’il y a là-dessous un mystère dont je saurai peut-être un jour le mot.

» Vous n’avez pas oublié que j’avais la police à mes trousses et que, sans la baraque des marionnettes, j’étais probablement pris et pendu. Or, cette baraque était fort petite et ne pouvait guère contenir qu’un homme. Quand je vous ai demandé, à vous habitant d’un pays où ce divertissement tout italien n’est guère en usage et n’a peut-être été apporté que par moi, si vous saviez comment les baraques de burattini étaient agencées, c’était pour vous montrer ma situation entre les jambes de l’operante, lequel, occupé à faire battre Pulcinella avec le sbire, les mains et les yeux en l’air, et l’esprit également tendu à l’improvisation de son drame burlesque, n’avait pas le loisir de voir et de comprendre ce qui se pas-