Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Tout cela, c’était son matériel d’artiste, son industrie, son gagne-pain. Quant à sa garde-robe, il n’en était point embarrassé. Elle consistait en une poignée de linge qui tenait dans un mouchoir, et en une souquenille de gros drap qui servait de couverture à Jean quand elle quittait le dos de son propriétaire. Le reste de ses effets était sur son corps, savoir une sorte de cape vénitienne passablement usée, un haut-de-chausses en étoffe grossière, et trois paires de bas de laine chaussées les unes sur les autres.

Cristiano, pour se livrer à son rangement d’installation, avait dépouillé sa cape, son bonnet de laine et son chapeau à larges bords. C’était un mince et grand garçon, d’une figure remarquablement belle, ombragée d’une masse de cheveux noirs en désordre.

Le poêle commençait à faire sentir sa chaleur, et le jeune homme au sang vif était, d’ailleurs, fort peu sensible au froid. Il allait donc par la chambre en bras de chemise, comme on dit, et prenait ses mesures pour passer la nuit aussi commodément que possible. Ce qui l’inquiétait, ce n’était pas de trouver ou non les lits qu’on lui avait annoncés : c’était de savoir où Jean trouverait le boire et le manger.

— J’ai été bien sot, se disait-il, de ne pas songer