Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/291

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bonnes résolutions. — La grâce divine n’est pas une illusion, monsieur Goefle. Je ne sais pas à quel point vous êtes luthérien, et, quant à moi, je ne me pique pas d’être grand catholique. Nous vivons dans un temps où personne ne croit à grand’chose, si ce n’est à la nécessité et au devoir de la tolérance ; mais, moi, je crois vaguement à l’âme du monde, qu’on l’appelle comme on voudra, à une grande âme, toute d’amour et de bonté, qui reçoit nos pleurs et nos aspirations. Les philosophes d’aujourd’hui disent que c’est une platitude de s’imaginer que l’être des êtres daignera s’occuper de vermisseaux de notre espèce ; moi, je dis qu’il n’y a rien de petit et rien de grand devant celui qui est tout, et que, dans un océan d’amour, il y aura toujours de la place pour recueillir avec bonté une pauvre petite larme humaine.

» Je fis donc mon examen de conscience sur cette tombe ; car il me semblait que, dans cette pluie de douce lumière dont me baignaient les étoiles tranquilles, mes Goffredi, mon père et ma mère par le cœur, pouvaient bien aussi trouver un petit rayon pour me voir et me bénir. Je ne sentais pas de crime, pas de honte, pas de lâcheté ni d’impiété entre eux et moi ; je ne les avais jamais oubliés un seul jour, et au milieu de mes enivrements, lorsque le démon de la jeunesse et de la curiosité m’avait poussé vers