Page:Sand - L Homme de neige vol 1.djvu/50

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une affectation de mystère : c’était tout simplement l’exécution soignée d’un revêtement de menuiserie, exécution qui devient presque un art dans les pays froids.

M. Goefle, une fois en possession d’une chambre à deux lits qui avait été remise à neuf une dizaine d’années auparavant, et qui était assez confortable, n’eut pas la peine de chercher dans l’armoire. Le premier objet que ses yeux rencontrèrent en se portant sur la cheminée fut une paire de lourds flambeaux à trois branches portant chacun trois bougies entières. Il était temps ; le bout de chandelle expirait dans la lanterne.

— Puisque nous voilà sûrs de ne pas rester dans l’obscurité, dit M. Goefle au petit, faisons tout de suite notre ménage ici. Allume le feu, je tirerai les draps de l’armoire.

Les draps étaient placés sur les lits avant que Nils eût réussi à autre chose qu’à remplir la chambre de fumée. Quand il fut question de faire ces lits, qui étaient fort grands, il n’imagina rien de mieux que de monter dessus pour atteindre le milieu du traversin. M. Goefle eut fort envie de se fâcher ; mais, voyant que cela n’amènerait que des pleurs, il se résigna à faire tout seul non-seulement son lit, mais encore celui de son petit laquais.